Nous nous intéressions il y a 15 jours au fonctionnement de la fibre optique, zoom cette semaine sur les opérateurs qui se partagent ce marché, et les offres qu'ils proposent.
Alors que le territoire français se pare peu à peu d’une solide toile de fibre optique, les opérateurs rivalisent d’ingéniosité pour proposer des offres toujours plus concurrentielles et adaptées. Car même si l’ADSL reste encore le principal moyen d’accéder au web, le très haut débit gagne beaucoup de terrain, et entre les solutions FTTH (fibre jusqu’à l’utilisateur), FTTLa (fibre jusqu'au dernier amplificateur) et FTTB (fibre jusqu'à l'immeuble) les géants de la téléphonie permettent maintenant d’accéder à des débits compris entre 100 Mbits/s et 1 GBit/s. Et si pour l’instant le déploiement de la fibre se limite principalement aux métropoles, l’enjeu local poursuit lui son ascension dans le paysage des offres. Une lutte féroce entre opérateurs s’engage dès lors, petits et grands confondus, et ce sur l’ensemble de l’Hexagone.
La lutte des géants : Numericable caracole en tête
En 2014, Fleur Pélerin, la ministre déléguée à l’Economie numérique, proposait son plan de “France Très Haut débit”. L’objectif : couvrir l’intégralité du territoire français en très haut débit d’ici 2022. Avec une telle technologie, permettant de télécharger à des vitesses extrêmement élevées, et l’ambition de conquérir l’ensemble de la France, l’économie numérique était assurée de son développement. Ce qui n’a pas manqué de réveiller les principaux opérateurs, chacun surenchérissant sur ses projets à venir, et sur la qualité de son propre réseau déjà existant.
L’année dernière, Numericable se targuait d’être “le premier réseau fibre de France”, avec plus d’un million de ses clients couverts par le très haut débit, bien devant Orange et Bouygues Telecom. Avec près de 5 millions de foyers desservis, l’opérateur surpassait également les 2,7 millions d’abonnés d’Orange et les 1,6 millions de SFR. Avec le rachat de ce dernier, Numericable récupérait pas moins de 57 000 kilomètres de fibres déployées le long des voies ferrées et des voies navigables, du temps de Neuf Telecom. L’opérateur semble ainsi être à la pointe de la technologie optique : en développant un réseau FTTB (“Fiber To The Building”, soit “Fibre jusqu’à l’immeuble”), Numericable possède un réseau plus vaste que ses concurrents.
Au niveau qualitatif et possibilité d’investissement, l’opérateur historique Orange semble lui aussi très présent. Mais le déploiement jusqu’au logis, comme le souhaitait à l’époque Arnaud Montebourg, coûte très cher. Il implique des conditions restrictives : accord du syndic, main d’oeuvre au niveau du foyer, connections complexes dans l’immeuble, etc… Ainsi, tout le monde n’est pas encore éligible à la fibre. Outre le prix et la vitesse promise, il est donc aussi important pour le consommateur de voir s’il peut lui aussi être raccordé au réseau optique.
Mais en une petite année, les choses ont beaucoup bougé, et les opérateurs proposent désormais des offres toutes plus alléchantes les unes que les autres. Pour faire un choix, il n’y a qu’une seule chose essentielle à retenir : savoir exactement ce pour quoi l’on signe. Et donc connaître parfaitement les modalités de l’offre.
Orange, Bouygues, SFR, Free, Numericable… : qui propose quoi ?
Les offres se bousculent. En tirant le marché vers le haut, les principaux opérateurs français privilégient toujours un peu plus l’utilisateur. Encore ce dernier doit-il être au courant des différentes propositions qui viennent à lui. Et être en capacité de choisir.
Pour commencer, l’opérateur Orange, fort d’un réseau ADSL dont il tire 2 milliards par an en le louant à ses concurrents, a investi plus de 300 millions d’euros pour le renfort de son réseau de fibre optique. En diversifiant ses offres, il propose également au client le choix entre trois formules. La première, Livebox Zen, promet un débit de 100MBits/s, la télévision raccordée à la fibre et des appels fixes vers la France et le monde. La seconde, la Livebox Play, un peu plus fournie, offre les mêmes choses que la Zen, mais avec un accès au réseau mobile et une vitesse de 200 MBits/s. Enfin la dernière, Livebox Jet, est la plus pro en promettant une vitesse d’au moins 500 MBits/s. Ces trois offres sont en “Fiber To The Home”.
Bouygues Télécom rivalise quant à lui en proposant une offre moins chère que son concurrent, la BBox Sensation, mais permettant tout de même une vitesse de 200 MBits/s, la télévision et un accès aux mobiles en France et aux fixes en France et dans le monde. Cette offre se décline aussi en version FTTH, un peu plus chère.
Free propose de son côté une offre classique, la Freebox Crystal comprenant le pack classique TV / Téléphone fixe / Portable à une vitesse de 100 MBits/s et à un très bon prix, ainsi que la Freebox Révolution, variante de la Crystal avec un débit de près de 1 GBit/s pour un prix un peu plus élevé. Les deux offres sont en FTTH.
Enfin, Numericable et SFR optent eux pour des déclinaisons plus fines de leurs propositions, sachant s’adapter à tout type de besoin. Avec 5 offres différentes chez SFR et 7 chez Numericable, avec des débits allant de 100 MBits/s jusqu’à 1 GBit/s, les deux opérateurs jouent à fond la carte du “à la demande”. On retrouve ainsi chez Numericable de plus nombreuses offres que chez les autres, ces dernières comprenant internet et la télévision via la fibre : iStart (100 MBits/s, avec un supplément pour la version incluant un forfait mobile), LaBox Fibre (100 MBits/s), LaBox Power (200MBits/s, avec en option la téléphonie mobile), LaBox Power Tablette (200 MBits/s avec la téléphonie mobile incluse) et LaBox Family (400 MBits/s avec un raccordement de type “premium” offert en plus). Chez SFR, on retrouvera La Box à 1 GBits/s mais sans TV, La Box TV Start et La Box TV Power à 200 MBits/s avec la télévision, et La Box Home (1 GBits sans TV) et La Box TV Home (200 MBits/s avec les chaînes de télévision) comprenant des services premiums supplémentaires.
Il apparaît donc clairement que les grands opérateurs se partagent la majeure part du gâteau en ce qui concerne l’installation de la fibre chez des particuliers. Si leur domination globale est sans appel, cela pourrait changer au niveau régional, ou des “petits” opérateurs tentent une approche locale, entièrement vouée à leur région.
Des opérateurs régionaux encore à la traine
Avec des débits moindres, tournant la plupart du temps aux alentours des 100 Mbits/s, les opérateurs locaux peinent à s'imposer, et constituent bien souvent une offre d'appoint, tranistoire, ayant vocation à raccorder ceux dont les foyers ne sont pas encore élligibles aux offres des grands opérateurs nationaux.
Nornet, par exemple, avec deux offres fibres et téléphones à 100 MBits/s, couvre l’ensemble des régions du nord de la France, et permet ainsi aux villages plus isolés que les métropoles d’accéder au très haut débit.
K-Net offre lui ses services sur la région de l’Essonne via trois différents packs comprenant internet, le téléphone et la télévision.
Adeli propose un raccordement fibre sur les régions de l’Ain et du Jura, alors que WiBox décline ses trois offres avec TV incluse sur l’Ain, l’Essonne, le Nord et la Moselle notamment, et ce avec un débit de 1 Gbit/s. Beaucoup d’autres opérateurs régionaux existent, tels que KIWI Fibre Optique, ComCable, Mentico, Ozone et Alsatis pour n’en citer que quelques-uns. Si ces offres permettent plus de flexibilité et d’accessibilité pour des débits un peu moins élevés, à l’inverse, d’autres solutions existent pour les professionnels, avec de très grands débits, mais la plupart du temps très onéreuses et donc réservées aux entreprises.
Des offres pour les professionnels honéreuses
D’abord, tous les grands opérateurs nationaux précédemment cités comme Orange, Bouygues, Free, Numericable et SFR proposent aux professionnels des offres particulières. Sans les citer toutes, il faut retenir essentiellement qu’il s’agit d’offres très chères, uniquement destinées aux entreprises, petites et grandes. On parle alors “d’ultra haut débit”, car la plupart du temps, la vitesse se compte en dizaine de GBits/s.
Mais certains opérateurs se sont spécialisés dans ce domaine, avec comme atout un service technique rapide et irréprochable, permettant de régler rapidement le moindre problème pouvant impacter le travail et la santé économique d’un grand groupe, par exemple. Avec une fiabilité exceptionnelle, ces sortes de “super” opérateurs s’octroient ainsi une part du marché conséquente dans le monde de la fibre optique.
C’est le cas notamment de la société Nerim, qui forte de ses 15 ans d’existence, a une expérience conséquente dans le domaine du professionnel. En proposant des vitesses de 10 GBits/s dans la capitale en particulier, le chiffre d’affaires de cette boite s’élevait en 2014 à 38 millions d’euros. Loin, très loin des milliards des grands opérateurs, mais tout de même une très belle somme. Avec plus de 20 000 clients fidélisés, dont 70% de PME, la société peut aborder l’avenir sereinement.
D’autres groupes, équivalents en terme de taille et de CA, font concurrence à Nerim. Citons Mediactive Network qui officie sur Paris et Toulouse, Celeste, qui vise avec un débit de 1 GBit/s des PMEs plus petites, ou encore Viatel, grand opérateur professionnel irlandais qui s’implante en Europe en s’adressant aux PMEs internationales.
Il apparaît donc nettement que les offres de fibre optique sont en plein essor, et que la concurrence n’est pas près de s’arrêter, pour le plus grand bonheur des consommateurs. Que ce soit au niveau national, régional ou professionnel, un grand nombre de choix existent d’ores et déjà, couvrant la quasi-totalité de la demande et des besoins actuels. On peut donc se risquer à imaginer un futur où la fibre optique deviendra l’exclusivité de l’offre internet.